o.gehem
2008-04-01 11:34:49 UTC
La truite à fourrure
Rien ne fait plus fureur aujourd'hui que la biodiversité. On s'inquiète
à juste raison du réchauffement de la planète, de la fonte des pôles, de
la disparition possible des ours blancs... On oublie d'évoquer le sort
de la truite à fourrure.
Une espèce en voie d'extinction découverte au XVIIIe siècle
La truite à fourrure survit dans quelques rares lacs arctiques au nord
du 72e parallèle. Les scientifiques considèrent qu'il n'en existe
peut-être pas plus d'une centaine de spécimens aujourd'hui et que c'est
la grande profondeur et la froideur extrême des eaux dans lesquelles vit
ce poisson qui l'auraient conduit à se couvrir d'une épaisse fourrure.
Le premier spécimen connu fut capturé dans les eaux d'un fleuve canadien
par le chevalier Grégoire de Fronsac, explorateur sous le règne de Louis
XV. Conservée par les soins d'un taxidermiste, cette truite à fourrure
fut présentée en France au château de Besque en 1764, où elle souleva
d'autant plus les passions que le philosophe et naturaliste Buffon
publiait à la même époque, avec le succès que l'on sait, son Histoire
naturelle (36 volumes parus de 1749 à 1789) : il y établissait un
inventaire de toutes les espèces vivantes, avec une volonté de
classification rigoureuse, d'ordonnancement logique - et la truite à
fourrure était une évolution naturelle jusqu'alors inconnue de lui.
Un regain d'intérêt au XXe siècle
On suppose que la truite à fourrure aurait accidentellement été
transférée dans les années 1870 dans la rivière Arkansas car l'on peut
encore y en trouver aujourd'hui. Signalons qu'elle figure aussi en bonne
place, empaillée comme un trophée, au mur des anciennes fermes de la
région des Grands Lacs. Enfin, une publication officielle du Montana
State Fish and Game Department lui avait consacré une première étude en
mai 1929, dans la revue Montana Wild Life. Un article lui est dédié dans
le volume 7 de la Petrie Encyclopedia of Zoologie de 1938.
Plus tard, vers la fin des années 1960, une truite à fourrure est
offerte au Musée royal écossais d'Édimbourg. Pêché sur le lac Supérieur,
au large de Gros Cap, près de Sault-Sainte-Marie, dans le district
d'Algoma, Ontario (États-Unis), ce spécimen, toujours conservé à
Édimbourg, portait un pelage hivernal blanc.
Les associations de sauvegarde aujourd'hui
C'est à la même époque que commencent à s'organiser aux États-Unis, dans
l'Ontario mais surtout dans le Montana, des associations de défense et
de sauvegarde de ce poisson exceptionnel déjà en voie d'extinction. Le
site actuel de leur fédération,
http://www.furbearingtrout.com (en anglais),
publie non seulement les travaux sur cette espèce rare mais aussi les
photos des rares truites à fourrure occasionnellement pêchées.
La truite à fourrure entre au Muséum
En 1998, Franz Jullien, du Muséum d'histoire naturelle de Paris, a la
chance de pouvoir naturaliser une autre truite à fourrure, pêchée à la
cuiller sur le lac Nominingue, à deux cents kilomètres au nord de
Montréal (Québec). Ce spécimen est en fourrure estivale brune. Elle
porte pour nom scientifique : Salmo trutta dermopila J. Croix, 1998.
Comme Franz Jullien a été appelé en 2001 à travailler au synopsis du
film Le pacte des loups, où l'on reconstitue le personnage de Grégoire
de Fronsac (le fameux découvreur de la truite à fourrure de 1764), il a
prêté le spécimen du Muséum pour le tournage. En dehors de ce film, si
vous souhaitez admirer une truite à fourrure, vous pouvez toujours vous
rendre au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Elle y est souvent
exposée, à partir de fin mars et jusqu'au premier avril, dans la Grande
Galerie de l'Évolution.
Rien ne fait plus fureur aujourd'hui que la biodiversité. On s'inquiète
à juste raison du réchauffement de la planète, de la fonte des pôles, de
la disparition possible des ours blancs... On oublie d'évoquer le sort
de la truite à fourrure.
Une espèce en voie d'extinction découverte au XVIIIe siècle
La truite à fourrure survit dans quelques rares lacs arctiques au nord
du 72e parallèle. Les scientifiques considèrent qu'il n'en existe
peut-être pas plus d'une centaine de spécimens aujourd'hui et que c'est
la grande profondeur et la froideur extrême des eaux dans lesquelles vit
ce poisson qui l'auraient conduit à se couvrir d'une épaisse fourrure.
Le premier spécimen connu fut capturé dans les eaux d'un fleuve canadien
par le chevalier Grégoire de Fronsac, explorateur sous le règne de Louis
XV. Conservée par les soins d'un taxidermiste, cette truite à fourrure
fut présentée en France au château de Besque en 1764, où elle souleva
d'autant plus les passions que le philosophe et naturaliste Buffon
publiait à la même époque, avec le succès que l'on sait, son Histoire
naturelle (36 volumes parus de 1749 à 1789) : il y établissait un
inventaire de toutes les espèces vivantes, avec une volonté de
classification rigoureuse, d'ordonnancement logique - et la truite à
fourrure était une évolution naturelle jusqu'alors inconnue de lui.
Un regain d'intérêt au XXe siècle
On suppose que la truite à fourrure aurait accidentellement été
transférée dans les années 1870 dans la rivière Arkansas car l'on peut
encore y en trouver aujourd'hui. Signalons qu'elle figure aussi en bonne
place, empaillée comme un trophée, au mur des anciennes fermes de la
région des Grands Lacs. Enfin, une publication officielle du Montana
State Fish and Game Department lui avait consacré une première étude en
mai 1929, dans la revue Montana Wild Life. Un article lui est dédié dans
le volume 7 de la Petrie Encyclopedia of Zoologie de 1938.
Plus tard, vers la fin des années 1960, une truite à fourrure est
offerte au Musée royal écossais d'Édimbourg. Pêché sur le lac Supérieur,
au large de Gros Cap, près de Sault-Sainte-Marie, dans le district
d'Algoma, Ontario (États-Unis), ce spécimen, toujours conservé à
Édimbourg, portait un pelage hivernal blanc.
Les associations de sauvegarde aujourd'hui
C'est à la même époque que commencent à s'organiser aux États-Unis, dans
l'Ontario mais surtout dans le Montana, des associations de défense et
de sauvegarde de ce poisson exceptionnel déjà en voie d'extinction. Le
site actuel de leur fédération,
http://www.furbearingtrout.com (en anglais),
publie non seulement les travaux sur cette espèce rare mais aussi les
photos des rares truites à fourrure occasionnellement pêchées.
La truite à fourrure entre au Muséum
En 1998, Franz Jullien, du Muséum d'histoire naturelle de Paris, a la
chance de pouvoir naturaliser une autre truite à fourrure, pêchée à la
cuiller sur le lac Nominingue, à deux cents kilomètres au nord de
Montréal (Québec). Ce spécimen est en fourrure estivale brune. Elle
porte pour nom scientifique : Salmo trutta dermopila J. Croix, 1998.
Comme Franz Jullien a été appelé en 2001 à travailler au synopsis du
film Le pacte des loups, où l'on reconstitue le personnage de Grégoire
de Fronsac (le fameux découvreur de la truite à fourrure de 1764), il a
prêté le spécimen du Muséum pour le tournage. En dehors de ce film, si
vous souhaitez admirer une truite à fourrure, vous pouvez toujours vous
rendre au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Elle y est souvent
exposée, à partir de fin mars et jusqu'au premier avril, dans la Grande
Galerie de l'Évolution.